Kélonia, un observatoire très particulier des tortues de la Réunion
Kélonia est à la fois un musée, un observatoire et une réserve pour les tortues marines et terrestres qui sont aujourd’hui en voie de disparition. A Saint-Leu, Kélonia représente à lui-même le paradoxe qui a fait vivre autrefois la Réunion, et ce qui aujourd’hui lui permettrait de survivre en protégeant son environnement. Vous l’aurez compris ce musée est un sujet épineux qui nécessite de sensibiliser à la fois les insulaires mais aussi les touristes.
La Réunion ou l’île aux tortues
On le sait peu, mais avant d’être appelée, Réunion ou encore Bourbon, l’île était connue comme l’île aux tortues. En effet, à l’arrivée des premiers colons sur l’île, ils se trouvèrent face à une énorme colonie de tortues qui venaient pondre sur ses rivages. Celles-ci y trouvaient paix et tranquillité pour pouvoir mettre au monde leurs progénitures. D’autant plus que cet espace paradisiaque était mouillé d’eaux déjà très riches à l’époque. Durant la colonisation de l’île, les tortues constituèrent pendant longtemps la seule source de nourriture autre que le poisson. Puis, au fur et à mesure où les hommes s’installèrent, vinrent d’autres habitants qui déséquilibrèrent cet environnement fragile. Ainsi avec l’homme, se sont rats, chiens et autres chats qui furent encore de nouveaux prédateurs pour cette géante sans défense.
Dès 1690, on assista aux premières lois régulatrices de la chasse à la tortue et au gibier de l’île. A peine 200 ans après sa découverte !
Avant Kélonia, le passé noir de l’île
Avant d’être un musée dédié aux tortues, l’emplacement où est aujourd’hui construit Kélonia était d’abord une chaufournerie, puis un ranch de tortues.
La chaufournerie possédait à l’époque, en 1940, le plus haut four à chaux de l’île. Ici était extrait le corail du lagon proche de Saint-Leu. Puis quand en 1969, l’interdiction d’extraction du corail tomba, sonna alors la fin de cette industrie.
S’en suivit quelques temps plus tard, en 1977, une exploitation qui travaillait la viande de tortue en la transformant en samossas, soupe, civet ou encore foie gras des mers.
Mais devant un succès très modéré de ce type d’alimentation, le lieu fût alors transformé en ranch de maturation de tortues et de tilapia rouge corail. Dans les bassins, étaient amenés à maturité des tortues juvéniles prélevées en journée sur les îles avoisinantes où les tortues étaient encore épanouies.
Le fait que celles-ci soient prélevées en journée est un détail important car cela n’impactait pas la population normale des tortues. En effet, lors des éclosions diurnes, les petites tortues sont la proie de beaucoup de prédateurs tels les oiseaux ; et seules les éclosions nocturnes permettent de maintenir la population des tortues marines.
Tout ceci pris fin lorsque les tortues furent officiellement considérées comme une espèce en voie de disparition, et dès lors devenues une espèce protégée.
Kélonia, un musée ludique
Comment mieux faire découvrir et connaître ces géantes en voie de disparition qu’en s’immergeant dans leurs milieux naturels. C’est exactement ce qu’a entrepris Kélonia en créant ce musée si particulier. Ses portes sont ouvertes toute la semaine pour mieux sensibiliser la population et les touristes à préserver leur environnement ; pour mieux faire comprendre comment stabiliser le nombre de tortues marines et terrestres.
Ici, le visiteur découvre les tortues dans leurs milieux naturels ou reconstitués, depuis les plages où elles trouvent le jour jusqu’aux mers et océans où elles évoluent. Petits et grands peuvent ainsi s’émerveiller devant ces géantes pacifiques qui ont un jour frôlé l’extinction.